Les MIOM, bon appétit !

Dans un article précédent, nous avons vu les REFIOM. Voici la suite les MIOM, ou mâchefers d'incinération d'ordures ménagères.

Les mâchefers sont les fractions calcinées ou imbrulées de l'incinération.
L'incinération s'effectue à 750 ou 850°. Elle créait des cendres sous chaudières très toxiques et cancérigènes et des fumées très toxiques et cancérigènes récupérées dans les filtres (enfin celles qui ne se sont pas échappées). Ce sont les REFIOM vus précédemment. Il arriveront condirtionnés a Ternay. Il faut juste espérer qu'ils ne seront pas déconditionnés dans un accident industriel.

Il nous reste à voir comprendre ce que sont vraiment les mâchefers. Ce ne sont pas des déchets neutres et vitrifiés. Il faudrait bruler à 1200° comme ailleur en europe mais c'est trop cher. Ce ne sont pas non plus des mâchefers de houille.

Ils contiennent des cendres (très toxiques) qui ne sont pas tombées sous la grille d'incinération. Ils contiennent des ferrailles et des métaux non ferreux. Ils contiennent des éléments qui n'ont pas brulé (on trouve parfois même du papier non carbonisé). Le taux d'imbrulé est "normal", il est prévu et encadrer par la loi.

On trouve aussi en proportion non négligeable des métaux lourds, des PCB qui peuvent être détruits qu'à 1200°, des produits fabriqués par l'incinération comme des dioxines, des composés organiques volatils, des hydrocarbures aromatiques polycycliques, des acides ... Ce sont tous des produits toxiques, mutagènes, perturbateurs endocriniens ou cancérigènes (voir article sur les REFIOM pour plus de détails ). Certains sont bioaccumulables. C'est-à-dire que les quantités dans l'organisme vont s'accroitre au cours de la vie d'un animal (ou d'un homme) et surtout se concentrer de plus en plus tout au long de la chaine alimentaire. Qui est en fin de chaine ?

Les mâchefers peuvent être valorisés s'ils contiennent un taux acceptable de toxiques et d'imbrulés (acceptable ne signifie exempt de toxicité) mais s'ils ont vraiment trop toxiques, ils partent directement vers un centre d"enfouissement de classe I.

Il existe des mâchefers intermédiaires dit de classe M. Ce sont des déchets classés dangereux, mais la loi permet, grâce à un procédé appelé carbonatation, "d'emprisonner" les toxiques à l'intérieur. Pendant cette opération appelée maturation, le taux d'éléments toxiques diminue un peu grâce à ceux qui se sont échappés, mais demeure globalement inchangé. Cette phase peut durer un maximum légal d'un an.

Quant un taux acceptable de toxiques s'échappant encore est atteint, on considère qu'ils sont valorisables. on parle de taux de lixiviation. C'est le même principe que pour faire du café dans une cafetière.

En tant que déchets dangereux, ils auront attendu, jusqu'a un an à l'air libre, exposé aux vents et aux pluies pour atteindre une toxicité acceptable selon les normes françaises. Peut-on accepter cela entre Rhône et autoroute à proximité des habitations ?

La suite est vraiment savoureuse.

La valorisation consite à revendre les mâchefers pour être employés comme sous-couche de route ou matériaux de remblaiement, dans des normes encadrées par la loi, mais en réalité dans des conditions plus ou moins contrôlées. C'est ainsi qu'on retrouve disséminé un peu partout les toxiques qui selon le bon sens auraient dû être enfouis ou mieux brules à 1200° au lieu de se concentrer lentement mais surement dans le milieu naturel et la chaine alimentaire. Ne trouvez vous pas que les MIOM portent bien leur nom ? Bon appétit !